L’ingoma est un tambour couvert d’une peau d'animal tendue et est toujours plus large au sommet qu’à la base. Le plus souvent, l’ingoma a la forme d’un cylindre qui ne rétrécit qu’à la base de l’instrument, mais dans certains cas, ce rétrécissement est progressif sur toute la longueur de l’instrument. La fabrication de l’ingoma est un travail long et délicat qui est confié à des artisans spécialisés dans la fabrication de tambours, aidés d'un tanneur qui prépare la peau.
La caisse de résonance est faite à partir du tronc évidé d’un arbre, généralement l'umuvugangoma ou ‘celui qui fait parler le tambour’, bien que d’autres arbres soient parfois utilisés. Le fabricant de tambours choisit un arbre qui lui permettra de faire quatre ou cinq ingoma. Après avoir coupé et débité l’arbre, on laisse le bois sur place pour le faire sécher pendant un certain temps avant de l’évider. La finition aura lieu au domicile du fabricant de tambours. L’extérieur est lissé et l’intérieur est évidé jusqu’à obtenir des parois d’une épaisseur de 20 à 23 mm. La hauteur peut varier de 40 à 130 cm, avec un diamètre de 50 à 70 cm au sommet et 10 à 20 cm à la base. De nos jours, on utilise aussi des fûts métalliques (200 l), ce qui est non seulement moins cher, mais aussi plus facile. La sonorité du tambour métallique n’est cependant pas comparable à celle du tambour en bois, et ce procédé reste donc marginal. Une peau est tendue sur les deux ouvertures de la caisse de résonance, les poils vers l’extérieur. Les peaux sont mises à tremper, puis sont grattées pour enlever les restes de chair, avant de les tendre au soleil pour les faire sécher. La manière de fixer les peaux sur la caisse de résonance est typique des ingoma et se distingue de celle utilisée pour les autres membraphones. Les deux peaux, supérieure et inférieure, sont reliées entre elles au moyen de fines lanières de cuir verticales et sont ainsi tendues sur la caisse de résonance. Pour obtenir cette tension, qui est une opération complexe, il faut l’intervention de plusieurs personnes afin que chaque étape se déroule correctement. Pour les instruments de grande taille, on utilise environ 50 mètres courants de lanières.
De nos jours, les ensembles ingoma se composent de 8 à 10 tambours et autant d'exécutants. On distingue trois types en fonction de la hauteur tonale : l’ishakwe, l’inyahura et l’igihumurizo:
L’ingoma est utilisé uniquement par les hommes, lors d’événement festifs ou pour accueillir des invités de marque. Les tambourineurs jouent à l’aide de deux baguettes en bois: les imirishyo. Pour ajuster le ton de l’instrument, la peau du tambour est réchauffée près d’un petit feu ou au soleil avant de jouer.
Des tambours de forme similaire jouaient jadis un rôle important dans le culte voué au roi. Les tambours de ce type étaient appelés ingabe et étaient conservés dans une case spéciale. Ces tambours ne pouvaient pas toucher le sol et étaient enduits chaque mois de sang de taureau. On distingue quatre ingabe: le karinga, le cyimumugizi, le mpatsibihugu et le kiragutse. Depuis la disparition du royaume Tutsi en 1960, on ne trouve plus aucune trace de ces tambours ingabe, symboles du pouvoir royal.
Outre les ingabe royaux, d’autres types d’ingoma étaient utilisés, tels l’indamutsu, que l'on jouait pour accueillir le roi, et l’ingabe, utilisé pour annoncer les audiences royales et lors de procès. Chaque roi recevait son indamutsa personnel lors de son intronisation. Celui-ci était à son tour accompagné du nyampundu, confectionné en même temps et utilisé lors des mêmes rituels. Un troisième type enfin, l’impuruza, était utilisé pour émettre des signaux annonçant un danger.
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© KMMA/Jos GANSEMANS