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Iningidi

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L’iningidi est un instrument à cordes composé d'une seule corde et appartenant à la catégorie des vielles. La caisse de résonance – généralement une corne de vache mais aussi, parfois, une caisse en bois, voire une boîte métallique – est de forme cylindrique (13 à 16 cm de haut avec un diamètre de 10 à 12 cm qui rétrécit jusqu’à 8-9 cm). Le sommet de la caisse de résonance creuse est couvert d’un morceau de peau de vache tendu, attaché avec des clous ou des épines d’acacia. Le manche de l’iningidi est fixé à la paroi latérale de la caisse de résonance. Il s’agit d’un bâton droit en bois de 35 à 50 cm qui traverse la caisse de résonance. La corde peut alors être attachée à son extrémité la plus courte. Le manche proprement dit mesure 25 à 40 cm. Dans le dessus du manche, à 3 cm de son extrémité, on perce un trou pour y enficher une cheville d’accordage verticale. L’autre extrémité de la corde est attachée à cette cheville, et l'on enroule la corde en faisant tourner la cheville sur son axe, ce qui permet à l’instrumentiste d'obtenir la tonalité voulue. La corde proprement dite est généralement fabriquée en une matière végétale et surmonte la caisse de résonance en passant sur un petit chevalet pour éviter qu’elle ne touche la caisse de résonance. Enfin, il y a l’archet en forme d’arc, composé d’une corde en fibres végétales tendue sur un rameau fin et fléchi.

Pour jouer, on prend le manche de l’instrument dans la paume de la main gauche afin de pouvoir bloquer la corde des doigts, en utilisant pour cela la deuxième phalange de l’index, du majeur et de l’annulaire. On peut ainsi produire quatre notes au total, avec à chaque fois un intervalle d’une seconde, ce qui permet d’obtenir un registre d’une quarte. La caisse de résonance de l’iningidi est serrée contre le ventre, et on utilise la main droite pour manier l’arc.

Celui qui joue de l’iningidi est en même temps le chanteur et joue le plus souvent en solo. Les joueurs d’iningidi sont rarement des hommes ou des femmes d'un certain âge. Le musicien a son propre répertoire, lequel peut cependant être basé sur le répertoire d’autres interprètes ou reprendre des fragments de celui-ci. Les textes chantés parlent de la vie quotidienne dans les collines et parfois d’événements politiques.

L’iningidi est originaire de l’Ouganda et n’a été introduit au Rwanda qu’au vingtième siècle. Certaines sources parlent de 1910, d’autres mentionnent même 1940. Ce qui est certain, c’est que l’iningidi n’appartient pas au patrimoine organologique traditionnel du Rwanda.

Seuls les Hutu jouent de l’iningidi et l’utilisent pour accompagner les chants populaires indirimbo qui parlent des événements et de la vie dans les collines.

Une seule fois, on a découvert un iningidi à deux cordes: l'une faisait office de note bourdon ostinato, l’autre étant utilisée pour jouer la mélodie.

Parmi les caractéristiques constantes de la musique, on peut mentionner l’introduction instrumentale, la construction en strophes et l’unisson entre l’instrument et le chant. A cause de ce jeu à l’unisson, le rythme de la musique a été influencé par le langage parlé, lequel fait appel à l’alternance de syllabes courtes et longues.


Pour plus d’information consultez les publications du MRAC:

© KMMA/Jos GANSEMANS