L’urusengo est une flûte en bois fabriquée à partir d'une branche de l’umusekera ou de l’umusave. Elle a une forme conique et sa longueur moyenne est de 15 cm. Pour faciliter l’évidement de la branche, celle-ci est d’abord fendue sur sa longueur. Ces deux moitiés égales sont évidées de telle sorte que la forme conique naturelle de la branche soit conservée dans l’évidure. Ensuite, les deux parties coniques sont à nouveau assemblées et maintenues par une corde enroulée autour de la partie la plus grande de l’instrument. Enfin, l’ensemble est recouvert d’un morceau de trachée de taureau (umumiro) tendu par-dessus l'instrument. L’embouchure ovale fait environ 22 mm sur 25 mm et l’ouverture inférieure est de 4 mm.
L’origine de l’urusengo se situe probablement en Ouganda, où un instrument semblable est observé dans plusieurs royaumes (Nyoro, Toro, Nkore, Ziba). Ceci n'a rien d'illogique quand on sait que les frontières géographiques ont souvent été déplacées au cours de l’histoire, ce qui a aussi donné lieu à des influences culturelles réciproques.
Avant de jouer de l’urusengo, le musicien verse un peu de bière de banane dans l’instrument, ce qui est censé lui donner un son doux et clair: un usage assez répandu parmi les joueurs de flûte en Afrique. L’instrument est joué à bouche latérale, et on peut produire deux notes différentes en couvrant l’ouverture du bas. L’urusengo n’est jamais joué en solo, mais fait toujours partie d’un ensemble d’au moins cinq insengo.
Au sein de l’ensemble, on distingue trois types en fonction de la tonalité: l’ishakwe (aigu), l’inyahura (moyen) et l’ibihumirizo (grave). Le premier nommé est toujours seul et est utilisé par le chef du groupe; les deux autres types sont représentés par plusieurs instruments. Les phrases musicales sont formées par l’alternance rythmique d’un ou deux accords, l’inyahura et l’ibihumirizo jouant toujours ensemble, tandis que la voix aiguë, l’ishakwe, peut jouer des variations de rythme et de tonalité sur ce thème (malgré le fait qu’il ne dispose lui-même que de deux notes). Une chorale chante en même temps que l’ensemble instrumental et apporte une impulsion rythmique supplémentaire en frappant dans les mains.
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