Un instrument de musique typique de l’Afrique centrale est le pluriarc. Le principe de construction de cet instrument lui a valu son nom : plusieurs arcs sont fixés à la caisse de résonance en forme de boîte. Chacun de ces arcs est muni d’une corde et sert donc de support à celle-ci. La forme de la caisse de résonance varie : il peut s’agir d’une simple boîte rectangulaire ou d’une forme arrondie plus élégante. La surface de résonance de l’instrument se caractérise elle aussi par des formes variées et par ses décorations. La caisse de résonance elle-même est parfois ornée de lignes et de figures géométriques. Le mode de construction, le type de caisse de résonance et le style de décorations sont des éléments déterminants pour l’identification des peuples qui ont construit les instruments. Les cordes du pluriarc sont confectionnées à l’aide de fibres végétales.
La coupe transversale de la caisse de résonance peut être de forme plus ou moins anguleuse ou au contraire arrondie, la coupe longitudinale est quant à elle en général anguleuse. La face supérieure de l’instrument, la surface de résonance, se distingue par sa taille et la façon dont elle est montée sur la caisse de résonance (fixée, clouée ou formant un même ensemble avec la surface de résonance). Les supports des cordes peuvent être divisés selon leur nombre, en général cinq pour autant de cordes. D’autres caractéristiques sont : la présence d’un chevalet, des décorations spécifiques sur la caisse de résonance et la présence d’illustrations à caractère anthropomorphe ou animalier. Les pluriarcs du Bas Congo sont typiques de par la présence sur la partie allongée de la caisse de résonance d’une représentation de visage humain d’où partent les cordes.
Les appellations les plus courantes sont : lu(o)kombe (i), longombe(i) qui font référence à la tribu, lukombe (Bokuma, Ngando, Yaelima, Lia, Sengele, Sakata, Ntombe, Songo Meno), longombe (Bokatola, Bondongo, Nkundo, Lia , Eso), longombi (Mongo), lokombi et lokombe (Ekonda, Oli, Mongo, Lia, Bai), lokumbe (Tumba, Titu, Ipanga). D’autres appellations encore existent comme : esandju (Mongo), lakwemi (Kuba), sambi (Sango), ngwomi (Teke), ngwen (Yans) et lusinga (Muanda).
Les plus grands instruments possédant trois cordes, comme les lokombi lomkunu des Ekonda, sont généralement utilisés avec un plectre tandis que les pluriarcs plus petits possédant cinq cordes ou plus, sont joués à l’aide du pouce et des doigts. Le plectre peut être une petite branche mais il peut aussi s’agir d’une fibre de liane tressée et séchée. Le plus souvent, un accompagnement simple en ostinato est joué qui peut créer une mélodie plutôt rythmique : l’instrument produit alors des sons assez graves. Tout l’art ne consiste pas tellement en la maîtrise technique de l’instrument, mais se trouve surtout dans les chants et les textes qui accompagnent l’interprétation. On attend du musicien qu’il connaisse par coeur de nombreux textes, récits, noms historiques et faits saillants et qu’il soit capable de les raconter de manière attirante.
Lorsqu’on joue du pluriarc, la face arrière de l’instrument repose sur une cuisse tandis qu’avec l’autre cuisse, on peut ouvrir et fermer l’ouverture située sur le dessous pour obtenir des variations dans les sons. Une autre manière de jouer consiste à tenir l’instrument contre le genou en étant assis, en position parallèle avec le tibia. Les Mfinu ont une façon très particulière de jouer : ils peuvent raccourcir les cordes en s’aidant de la main pour obtenir d’autres sonorités. Cettte façon de jouer, plus mélodieuse, demande une grande adresse technique.
Le pluriarc peut être joué en diverses circonstances : accompagnement de chants individuels, danse, chasse, travail du fer et rituels (fétichisme, intronisations, enterrements). Il est utilisé aussi bien lors d’événements publics qu’au sein d’un orchestre, en solo ou dans la sphère privée. Lors de l’enterrement d’un personnage important dont la vie est racontée par des chants, avec ses qualités autant que ses petits défauts, le pluriarc est joué pendant des heures, le musicien étant soulevé et transporté par la foule tout en jouant.
Ce type d’instrument apparaît dans d’enregistrements de nos archives sonores, réalisés parmi les peuples congolais suivants ; il est connu sous les noms vernaculaires suivants:
Longombe (Nkundu), Lungoyngoy (Kongo), Motumbe (Ngombe)
Bibliographie:
Discographie:
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