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Bilil

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Le bilil est un aérophone à tube cylindrique et anche unique. Il s'agit, en l'occurrence, d'une clarinette idioglotte dont l'anche est réalisée dans le même matériau que le corps sonore. Elle est découpée dans la paroi de l'instrument, à laquelle elle reste fixée par un côté.

Le bilil présente généralement deux ou quatre trous pour les doigts, mais les musiciens ont également mentionné des exemplaires à trois, cinq et six trous. Ces derniers sont réalisés par perçage de la paroi, selon des intervalles déterminés non par une mesure fixe mais par la nécessité d'une posture pratique des doigts pour jouer (il s'agit généralement de l'intervalle index-majeur). Si les trous sont au nombre de deux, l'intervalle ne dépend pas de la distance entre les doigts car dans ce cas, seuls les index des deux mains sont utilisés. Les variations possibles de la hauteur tonale ainsi que les diverses longueurs du tube ne permettent dès lors pas de parler de hauteurs tonales/intervalles précis ou étalonnés. Il n'y a pas non plus de répertoire spécifique pour le bilil. C'est le timbre qui détermine la qualité de l'instrument.

Le musicien confectionne son instrument juste avant d'en jouer. A l'issue de l'interprétation, il s'en sépare presque toujours sans le conserver.

Il est généralement admis que le bilil a été emprunté à la culture Fezza. Son nom proviendrait d'une chanson sur "le chemin du chameau", où le mot bilil est répété à plusieurs reprises. Il en va de même chez les Teda, où l'instrument est utilisé par de jeunes gardiens de chameaux. Dépourvu de toute notion de propriété, le bilil est difficilement intégrable dans la vie socio-musicale.


Voir également: BRANDILY, M., Instruments de musique et musiciens instrumentistes chez les Teda du Tibesti, MRAC – Annales, Sciences humaines, vol. 82, 1974

© KMMA/Monique BRANDILY