Autres noms: enkuri, eihembe, eikondere.
L'amakondere et l'enzamba sont des trompes coniques joués transversale. Si nous évoquons ensemble ces deux instruments, c'est en raison de leur grande similarité. La principale différence entre les deux est leur fonction: l'amakondere est la trompe royal, tandis que l'enzamba est une trompe de chasse. La trompe de chasse enzamba est toujours fabriqué à partir d'une corne animale et ne dépasse pas 25 cm de longueur. On fixe parfois une feuille de bananier enroulée au pavillon de la trompe pour renforcer le son. La trompe royal amakondere est toujours composé de deux parties (calebasse ou corne animale et calebasse), maintenues par un morceau de peau de vache. La taille de l'amakondere varie de 32 à 45 cm. Il est donc plus grand que l'enzamba. Le diamètre du pavillon ne dépasse pas 8 cm.
Les deux instruments ont une forme légèrement courbée et présentent un évidement conique. Pour la corne animale, on préfère la corne du cobe onctueux, mais celle du guib harnaché ou du cobe des roseaux convient également. L'embouchure est une petite ouverture ronde ou ovale, située à 5-10 cm de l'extrémité étroite de la corne. La pointe est coupée, ce qui crée une ouverture. En fermant cette ouverture avec la pouce, on peut produire une tonalité différente, ce qui permet de jouer deux notes différentes.
Avant de jouer, le musicien humidifie l'embouchure avec sa salive, et les lèvres doivent rester bien serrées pour obtenir une bonne sonorité.
La trompe de chasse enzamba est toujours joué en solo, en alternance avec des récitatifs improvisés, les ebiziniiriro, qui parlent de la chasse et des prouesses des chasseurs. L'amakondere, par contre, est toujours joué dans un ensemble. L'ensemble royal d'Ankole était composé de 9 joueurs d'amakondere, soutenus par le rythme des tambours engalabi et engoma. Les interprètes, des musiciens attitrés de la cour appelés abakondere, étaient toujours recrutés au sein des mêmes familles, ce qui était considéré comme un honneur.
L'enzamba est joué à des moments différents de la chasse, par exemple pour appeler les chasseurs avant de partir à la chasse ou pour annoncer une chasse fructueuse après avoir tué un animal.
Les amakondere étaient utilisés uniquement en présence de l'omugabe, le roi d'Ankole. On en jouait surtout à l'intérieur du palais royal, mais l'ensemble était actif également pendant les guerres et lors de festivités. La musique jouée au cours des combats était destinée à encourager les guerriers: les sons émis par les instruments enflammaient les hommes et reflétaient la puissance du royaume. Depuis la chute du royaume traditionnel d'Ankole, on ignore ce qu'il reste précisément de cette tradition.
pour plus d’information voir également: VAN THIEL, Paul, "Multi-Tribal Music of Ankole. An ethnomusicological study including a glossary of musical terms." Édité par le Musée Royal de l’Afrique Centrale dans la série Annales, Sciences Humaines, no 91, 1977, 234 pp.
© KMMA/Paul VAN THIEL