Autres noms: omukuri, omurere, endere, obunyamurera, ekikuri, enyamurere
L'omubanda est une flûte cylindrique droite de 50 à 55 cm de longueur et d'à peine 2 à 2,5 cm de diamètre. L'omubanda a presque toujours quatre trous de modulation, mais si la longueur de l'instrument paraît trop courte, on opte pour trois trous. Le matériau utilisé pour confectionner l'instrument varie entre le bambou, le rotin ou une tige de lobelia. Cette dernière est coupée creuse, à la longueur voulue, puis mise à sécher pendant plusieurs jours. L'extérieur de la tige est dégauchie au couteau et l'intérieur est délicatement évidé à l'aide de bâtonnets pointus. Sur l'embouchure, on incise une entaille en U ou en V et dans la partie inférieure de l'instrument, quatre trous de modulation. Ensuite, la flûte est trempée dans de l'eau bouillante, enduite de graisse et mise à sécher au soleil. En cas de fissures naissantes, l'instrument est enveloppé de fibres de feuilles de bananier; sur ce type de flûtes fragiles, ce traitement est même souvent pratiqué à titre préventif.
L'omubanda n'est jamais joué par les femmes, c'est un tabou absolu. Il s'agit d'un instrument solo populaire, mais il se joue aussi avec des tambours et des hochets et en combinaison avec des chants. Un virtuose de l'instrument se distingue par son jeu d'ensemble parfait avec le chant (harmonique), son don d'improvisation sur les mélodies de base et sa gestuelle gracieuse pendant le jeu.
La formation endere, autrefois au service de la cour royale d'Ankole, est un groupe composé de trois flûtistes et de plusieurs percussionnistes. Chaque flûte avait son propre ambitus et jouait toujours des motifs en hoquet, c.-à-d. que les musiciens jouent à tour de rôle une note de la mélodie, ce qui produit un effet "hoquet". Cet ensemble comprenait également un engoma et un engalabi, qui exécutaient les motifs rythmiques. Des trois ensembles instrumentaux attachés à la cour d'Ankole, l'ensemble endere était le plus célèbre et le plus apprécié en raison de ses qualités musicales et artistiques raffinées.
A la cour de Buzimba, on forma un duo de flûtistes qui excellait par son jeu d'ensemble. Le duo bénéficiait également de l'accompagnement rythmique des tambours royaux de Buzimba.
Aujourd'hui, l'omubanda est joué par toutes les ethnies d'Ankole pour accompagner les danses. Les gardiens de bétail Hima en jouent également lorsqu'ils emmènent paître leurs bêtes.
pour plus d’information voir également: VAN THIEL, Paul, "Multi-Tribal Music of Ankole. An ethnomusicological study including a glossary of musical terms." Édité par le Musée Royal de l’Afrique Centrale dans la série Annales, Sciences Humaines, no 91, 1977, 234 pp.
© KMMA/Paul VAN THIEL