Ankole, un petit district de l'Ouganda occidental, juste au sud de l'Equateur, couvre une superficie de 16.247 km2.
Située à une altitude idéale, cette région de plateaux bénéficie
d'un bon climat. Grâce aux pluies tropicales, elle dispose d'eau
en suffisance, d'une surface agraire fertile et de pâturages pour
le bétail. A l'exception du pastoralisme des Hima, l'économie
d'Ankole repose essentiellement sur l'agriculture; les exploitations
mixtes, combinant l'agriculture avec l'élevage et à certains
endroits avec la pêche, n'y sont pas rares.
La musique populaire de l'Ankole dans son ensemble a connu un
changement progressif, intéressant, fruit de données ethnohistoriques.
En effet, un grand nombre de
groupes ethniques
sont venus s'établir dans l'Ankole au fil des siècles. Suite à ces
migrations de nature et d'ampleur divergentes, la population totale
de l'actuel District d'Ankole compte, selon les estimations, 900.000
personnes; elle se compose de peuples Iru, Hima, Kunta, Kooki, Ziba,
Nyambo, Hutu et Kiga, ainsi que de réfugiés Tutsi et Hutu du Rwanda.
Ces immigrants avec leurs cultures diverses ont contribué à enrichir
la musique populaire de l'Ankole. Au sein de leur tribu et de leur clan,
ils ont en effet gardé leurs propres us et coutumes, ce qui explique que
les principaux éléments de leur culture musicale respective ont été
conservés. La co-existence des différentes caractéristiques des traditions
musicales de chaque groupe ethnique résulte en une diversité musicale
des plus intéressantes.
Les traditions musicales des différentes populations de l'Ankole
présentent des affinités étonnantes.
La musique populaire est essentiellement vocale. La mélodie ressort
davantage que le rythme, ce qui frappe surtout dans la musique vocale
des Hima. Le mode responsorial entre soliste et chœur est la technique
de chant la plus fréquente chez tous les habitants de l'Ankole; en
revanche, on n'y rencontre généralement pas de chant antiphonal entre
deux chœurs. Le chant à l'unisson sans solo apparaît dans de nombreux
airs pour enfants. Dans les fables chantées, le récit proprement dit
alterne de manière attrayante avec des passages courts chantés à l'unisson:
ebitongyerero. Les hommes hutu pratiquent le chant à l'unisson
dans l'interprétation de leurs poèmes épiques.
A l'exception des Hima, tous les groupes culturels résidant dans l'Ankole
font partie des Bantous. Leurs langues respectives sont tonales. Etant
donné que la tonalité des différentes langues bantoues parlées dans
l'Ankole est nettement plus faible qu'ailleurs, la précision entre le
dessin mélodique de la musique et le ton du texte chanté est nettement
moindre. De plus, il n'est pas rare que la quantité des voyelles soit
entravée par leur association avec des notes de longueur variée. Le style
fascinant de la narration et le mode parfois très nuancé de déclamation
des fables chantées révèlent la flexibilité particulièrement grande de ces
langues tonales. A ce propos, il est intéressant de signaler que les
bergers hima, qui ne faisaient pas partie des Bantous à l'origine, ont
adopté la langue bantoue des Iru au fil du temps mais pas leur musique.
Alors que langue et musique s'influencent toujours mutuellement, l'influence
de la musique hima traditionnelle a de toute évidence prévalu sur la langue
tonale des Iru. La musique vocale hima se caractérise d'ailleurs par de
passionnants ornements mélismatiques, se composant d'une variété intéressante
de microtons
.
Des changements brusques et complètement inattendus de hauteur tonale
aractérisent les airs de danse de la plupart des groupes ethniques de l'Ankole.
Ces modifications de hauteurs tonales influencent aussi la dynamique; une mélodie
plus haute s'accompagne en effet souvent d'un volume accru. Nous n'avons observé
des hausses du centre tonal que dans la musique vocale de l'Ankole
.
La musique instrumentale, notamment la musique jouée à la
flûte omubanda, présente, outre des hausses
onales, des baisses de ton tout aussi importantes.
La polyphonie semble jouer un rôle moins important dans la musique vocale de
l'Ankole que dans la musique populaire d'autres peuples africains. Le chant
parallèle en tierces, quartes et quintes y est totalement inconnu. D'autre part,
solo et chœur se chevauchent à maintes reprises. Le chant à trois voix existait
pourtant dans la musique instrumentale de cour de l'ancien royaume d'Ankole, à
savoir dans la musique des ensembles de
trompes amakondereamakondere,
des flûtes ensheegu, et de
l'ensemble de flûtes endere. La musique de ces
trois orchestres de cour a toujours été exécutée dans le style hoquet. Les
Africains ne se sont jusqu'à présent pas prononcés sur la question de savoir si
nous avons affaire à une ligne harmonique essentiellement verticale ou horizontale
dans cette musique de cour. D'après des informateurs africains, la musique à la
vièle endingiri des Ziba et des Nyambo est
complètement différente: deux endingiri sont joués en même temps et les
mouvements contrapuntiques de chaque endingiri suggèrent clairement une
ligne verticale
.
Les modes rythmiques varient d'un instrument à l'autre, d'un peuple à l'autre,
d'une occasion à l'autre. La musique de danse des Iru et des Kiga, toujours
accompagnée par des battements de tambour réguliers et ininterrompus, contraste
fortement avec le rythme improvisé des engoma
qui agrémente la musique de danse des Ziba
.
Des rythmes spéciaux de tambour caractérisent les chants iru et nyambo en hommage
aux esprits emandwa
.
Les tambourineurs des Kunta sont passés maîtres dans l'art de produire des
variantes au mode rythmique de base de la musique de danse ekizina
.
L'engoma n'est accordé nulle part dans l'Ankole.
Il est en revanche parfois important que les tambours présents produisent une
hauteur tonale totalement différente, comme par exemple dans la musique de danse des Ziba
.
La musique vocale des Hima se caractérise par le chant a capella
.
Quelques chants de bergers, accompagnés de la flûte omubanda
,
de même que leurs chants avec cithare
,
font exception à la règle. La musique vocale des autres groupes ethniques de
l'Ankole est généralement accompagnée d'instruments.
Des changements de soliste se produisent pendant un même air de danse dans la
musique de danse des Kunta et des Iru.
L'essentiel du répertoire des Hima se compose, contrairement à celui des autres
habitants de l'Ankole, de chants de louange à leur bétail, critère fondamental
de toutes les valeurs hima. Ils glorifient en outre beaucoup l'univers, les corps
célestes, les champs et la pluie. Dans le passé, les anciens rois et les membres
de la famille royale faisaient souvent l'objet de louanges; aujourd'hui encore,
les Hima font l'éloge des membres de leur propre famille
.
Différents groupes culturels ont leurs styles vocaux spécifiques. Pendant les
airs de danse, les femmes kiga et kunta expriment fréquemment leur joie en
produisant des "ololyges". La danse ekitaaguriro exécutée par les
hommes iru se caractérise souvent par un style choral typique
.
Les chants hima en hommage aux esprits (emandwa) se caractérisent par des
jodles exceptionnels
.
Le style vocal des femmes hima dans les morceaux de musique accompagnés à la
cithare enanga
se distingue nettement de celui des Kiga
.
Soms worden bepaalde fluittechnieken toegepast. Met open of gesloten handen voor
Parfois on applique certaines techniques de sifflement. On obtient des tons de sifflement en
appliquant les mains ouvertes ou fermées devant la bouche, ce qui provoque un effet de hoquet.
De même, les différents groupes ethniques de l'Ankole utilisent des techniques
totalement différentes pour jouer de certains instruments. Pour jouer du tambour
cylindrique engarabi, les Kooki utilisent
toujours les mains, jamais des baguettes. La manière de jouer du tambour conique
engoma varie aussi d'un peuple à l'autre. Les Iru
et les Kiga utilisent une seule baguette, tandis que les Kooki et les Kunta jouent
de l'engoma uniquement avec les mains. Les hommes Ziba jouent parfois sur
deux engoma en même temps.
Dans les airs de danse, on ne constate généralement pas ou peu de différence de
force tonale dans la musique populaire de l'Ankole. Chez les Kiga cependant,
l'un ou l'autre air de danse présente des modifications brusques et inattendues
de rythme de tambour et d'intensité des battements de mains. Il en résulte souvent
un contraste dynamique fascinant.
Plusieurs instruments de musique utilisés en solo jouent un rôle important
dans la vie musicale des différents groupes démographiques de l'Ankole. C'est
le cas des flûtes omubanda et
ekinimba, de
l'arc musical umunahi ou egobore
(avec une calebasse faisant office de caisse de résonance), de la
vièle endingiri à une corde, de
l'arc musical à trois cordes ekidongo,
sans oublier bien sûr la enangacithare enanga.
Jusqu'à présent, l'enanga à 6 à 7 cordes ne se
rencontre dans l'Ankole que chez les Hima et les Kiga. L'accord de l'instrument,
la tonalité, la construction mélodique du chant de même que les modes mélodiques
de l'accompagnement à la cithare chez les femmes hima diffère considérablement
de ceux des hommes Kiga. Chez les Hima comme chez les Kiga, les cordes sont souvent
pincées à l'aide des deux mains, de manière ouverte, jamais fermée.
La musique de la flûte omubanda ne se distingue
pas de la musique de danse ekitaaguriro des Iru
;
des chansons de bergers Hima s'accompagnent parfois de musique à la flûte omubanda
.
La musique de la flûte ekinimba des Kiga
accompagne généralement la déclamation de leurs poèmes épiques
.
L'endingiri, la vièle à une seule corde, est souvent
utilisée en solo. L'association de plusieurs endingiri qui jouent chacun leur
partie spécifique
et la présence d'instruments de musique d'accompagnement rythmique,
comme par exemple le tambour et les battements de mains
ou le hochet fabriqué à partir d'une boîte en roseau
,
varient d'une région à l'autre.
L'arc musical à trois cordes, l'ekidongo, ne se
rencontre que chez les Nyambo. L'instrumentaliste utilise un plectre pour en jouer
.
L'arc musical à une corde associé à une calebasse faisant office
de caisse de résonance, appelé egobore par les Nyambo et umunahi par
les Hutu, ne se rencontre pas chez les autres peuples. La technique de jeu Hutu
diffère considérablement de celle des Nyambo
.
Des poèmes épiques, ebyevugo, sont fréquemment récités durant les festivités
et les spectacles de danse des Hima, des Iru, des Kiga et des Hutu. La manière dont
les Hima et les Iru exécutent leur ebyevugo
diffère étonnamment de celle des Kiga
et de celle des Hutu
.
Chaque groupe ethnique a sa danse spécifique lors de représentations et festivités
publiques. Il s'agit de danses en groupe où les danseurs exécutent chacun leurs
propres mouvements rythmiques. A l'exception entre autres de la danse en cercle des
Hima, l'entooro, la chorégraphie usuelle dans l'Ankole n'est pas strictement
liée à des formes précises.
La plupart des danses populaires sont mixtes actuellement. Il y a bien quelques
exceptions, comme par exemple la danse entooro des hommes hima et
l'enjogyera des femmes Iru de Buhweju.
L'ekitaaguriro est une danse iru traditionnelle, chantée sous forme
de répons entre soliste et chœur. La partie soliste comporte habituellement
un texte très riche mais peut également se composer d'une simple vocalise,
tandis que la partie réservée au chœur des hommes est entièrement vocalisée.
Contrairement aux danses des autres groupes ethniques de l'Ankole,
l'ekitaaguriro débute par une partie chantée, par le soliste ou le
chœur. Dès que le rythme de l'engoma est
venu s'y ajouter, la danse proprement dite commence et les clochettes en fer
amajugo fixées aux chevilles se font entendre.
Contrairement à la musique de danse des autres groupes de population africains,
dans l'Ankole, les bergers Hima ne jouent pas d'instruments rythmiques durant
la danse traditionnelle entooro. La mélodie l'emporte sur le rythme dans
leur musique vocale mélismatique, qui se caractérise par une grande diversité
de microtons exécutés avec art. Alors que le matériel tonal des tons principaux
est essentiellement pentatonique, la partie solo se distingue du chœur masculin
par ses ornements.
La musique vocale des Hima se caractérise aussi par la transposition de la mélodie.
Une mélodie d'ouverture spéciale chantée par un soliste introduit non seulement
l'air de danse entooro, mais aussi la variante mélodique de la transposition
du centre tonal.
Contrairement aux autres groupes démographiques de l'Ankole, les bergers Hima
exécutent leur traditionnel entooro assis en cercle sur le sol, en
soulevant et abaissant leurs bras et leur buste avec grâce.
Contrairement à la technique la plus fréquemment utilisée pour jouer du tambour
dans l'Ankole, avec une seule baguette, les Kunta jouent de
l'engoma avec les mains. Les modèles rythmiques
des tambours kunta se distinguent également des battements de tambour réguliers
des Iru et des Kiga.
La danse ekizina débute habituellement avec les tambourineurs, et non
avec les chanteurs comme dans la musique de danse des Iru. Quand la danse a été
bien lancée, on entend nettement les variantes entre les différents
engoma, qui ont chacun leur propre hauteur tonale.
On distingue également fort bien les variations rythmiques des hochets
enjebajeba, fixés à la jambe,
et des clochettes amajugo, fixées à la cheville.
La hausse du centre tonal n'est pas non plus inconnue dans les airs de danse kiga,
celle-ci pouvant aller jusqu'à des glissements d'environ une quarte. D'habitude,
les Kiga n'introduisent pas la transposition par un mode mélodique particulier,
contrairement aux Hima.
La danse ekizino n'est pas concevable sans le rythme du hochet plat en
roseau, utilisé dans la musique de danse des Iru, des Kooki et des Kunta. Les
hochets fixés aux jambes et les clochettes fixées aux chevilles, si populaires
dans les danses des Iru, des Kooki, des Kunta et des Nyambo, ne sont pas portés
par les danseurs kiga. Chez les Kiga, le rythme est donné non seulement par
l'engoma et le hochet mais aussi par les
battements de mains.
Dans la musique de danse des Kiga, l'alternance brusque et inattendue de passages
calmes avec des parties plus énergiques crée un contraste dynamique intéressant:
à certains moments, le rythme du tambour est doublé et le battement de mains
régulier est remplacé par un mode rythmique plus marqué. Les danseurs sont
ainsi stimulés à battre des pieds avec davantage de force et à accélérer le rythme.
Le pentacorde anhémitonique caractérise le matériel tonal de l'ekizino.
Les airs de danse ekizaano des Ziba ne sont pas uniquement accompagnés
par le rythme de l'engoma, mais aussi par celui
des battements de mains et de l'enyimba, le hochet
à calebasse.
Pour leur musique de danse, les Ziba utilisent souvent plusieurs tambours qui
ont une hauteur tonale totalement différente. Souvent deux engoma sont joués par
une seule personne qui tient une baguette dans chaque main. D'après des informateurs
africains, le rythme de l'engoma et celui du hochet à calebasse ne se basent
pas tant sur des modèles fixes que sur l'inspiration du moment.
Les chansons épiques, présentes tant chez les Hima, les Iru, les Kiga que chez les Hutu, font l'objet de techniques d'exécution différentes. En premier lieu, le vocabulaire des poèmes épiques des Kiga et des Hutu se distingue en grande partie de celui des Iru et des Hima. Ensuite, contrairement à la pratique des Iru et des Hima, le poème épique des Kiga n'est pas accompagné de musique instrumentale, tandis que celui des Hutu est agrémenté de courts passages intercalaires, ebitongyerero. Les légendes épiques hima et iru se caractérisent entre autres par l'usage régulier de titres honorifiques, par la répétition fréquente des mêmes idées sous des tournures différentes, ainsi que par un vocabulaire spécifique qui rend ces récits héroïques difficilement compréhensibles pour les spectateurs étrangers.
Chez les Kiga, il est d'usage d'accompagner le récit épique ekyevugo
à la flûte ekinimba. Le texte se compose
généralement de phrases relativement courtes ou de cris, tandis que
l'instrumentaliste joue sans relâche des mélodies stéréotypées sur son ekinimba.
Caractéristique de la poésie épique kiga, la déclamation et l'accompagnement à
la flûte sont interrompus de temps à autre par un strident "aiiii" lancé
par une femme qui exprime ainsi son accord et manifeste sa joie.
Il n'est pas rare que l'interprète du poème épique kiga suscite l'hilarité de ses auditeurs
Contrairement à la technique des Kiga, la récitation hutu du poème épique ekyevugo alterne avec de courts passages ebitongyerero chantés par des hommes. Plusieurs ebitongyerero peuvent être interprétés sur une mélodie différente pendant le même récit épique. Ainsi par exemple, la tonalité du premier ekitongyerero peut être anhémitonique, tandis que le deuxième chant intercalaire se distinguera par son mode hémitonique, beaucoup moins fréquent dans l'Ankole. Des glissandi en ligne descendante, qui n'ont jusqu'à présent été entendus dans la musique d'aucun autre peuple de l'Ankole, caractérisent ici la dernière note de chaque chant intercalaire.
Lorsque les hommes iru et hima récitent des poèmes épiques, ils n'alternent
pas le chant et l'accompagnement instrumental comme les Kiga et les Hutu.
Durant l'interprétation du récit épique, le soliste iru et hima est assisté
par quelques hommes, qui manifestent leur accord en produisant à la fin de
chaque phrase un court et puissant "eeeh".
La virtuosité du soliste iru et hima se mesure à la longueur des phrases
récitées ainsi qu'à la vitesse avec laquelle il arrive à les réciter,
sans s'interrompre pour respirer.
Autrefois, l'ekyevugo évoquait non seulement des faits d'armes
ou des vols de bétail mais aussi l'héroïsme et la bravoure personnelle
des combattants; le poème épique contemporain s'inspire aussi d'évènements
politiques et d'actualités importantes, comme par exemple la déclaration
de l'indépendance de l'Ouganda en octobre 1962.
L'importance de la musique rituelle dans l'Ankole ne peut être sous-estimée.
Toutes les populations ont une musique rituelle. Les chants rituels en l'honneur
des esprits emandwa sont interprétés à diverses occasions, lors de
l'initiation d'un membre de la famille à l'emandwa, par exemple, lors
de la consultation de sorciers et de guérisseurs ou lors de sacrifices.
A l'exception de la musique rituelle des Hima, la musique emandwa des
autres groupes de population de l'Ankole fait usage d'un hochet fabriqué à
partir d'une calebasse, instrument qui ne peut être utilisé que lors de rituels
en l'honneur des esprits.
Dans l'Ankole, la musique destinée aux esprits s'accompagne habituellement de
l'engoma. La musique rituelle des Hima et parfois
aussi celle des Nyambo y font exception. Dans certains morceaux de musique
rituelle des Nyambo, on n'entend que le rythme de l'enyimba,
un hochet fabriqué à partir d'une boîte de conserve entièrement perforée et
remplie de pierraille. Les spectateurs présents battent aussi les mains.
Le célèbre "Ncerere ehiireyo" est chanté habituellement en guise
d'ouverture à la cérémonie d'initiation au cours de laquelle une personne
est consacrée aux esprits.
Dans la musique cérémonielle des Iru, on entend habituellement
l'engoma, un hochet fait à partir d'une
boîte en roseau, des hochets fixés aux jambes et des clochettes attachées
aux chevilles, ainsi que l'oburengo, un
petit hochet confectionné à partir d'une calebasse, qui n'est par ailleurs
pas utilisé dans leur musique populaire.
Ces morceaux se caractérisent aussi par la transposition fréquente de la
mélodie. Les rythmes de tambour dans le culte emandwa ne sont
généralement pas identiques à ceux de leur musique de danse.
Le style des jodles pratiqués dans les chants emandwa des Hima contraste
fort avec la musique vocale rituelle des autres groupes ethniques de l'Ankole.
L'incipit de ces chants se compose d'une sorte de cri d'alerte lancé aux esprits
par le soliste: 'we-we-we', qui est suivi peu après d'un roulement de
'rrr'. Après une courte pause, le chant proprement dit commence. Les
intervalles exceptionnellement grands dans ces chants contrastent fortement
avec les microtons fascinants qui caractérisent la musique vocale des Hima.
Le chant "Reeba, mandwa" a lui aussi pour but d'entrer en contact avec les esprits au début de l'initiation. Les femmes hima, assises par terre, chantent a capella tout en tenant dans leur main la pointe de leurs élégants vêtements et en balançant leurs bras et leur buste avec grâce. Habituellement, on chante cet air à l'intérieur, avant de se rendre à l'endroit rituel.
Voici une liste des instruments de musique rencontrés dans l'Ankole. Chaque instrument est présenté avec un commentaire, complété de photos et d'extraits sonores.
Les instruments les plus fréquents: Engoma (tambour), engalabi (tambour), omubanda (flûte), endingidi (vièle), enanga (cithare), rugaaniira (hochet fabriqué à partir d'une boîte), enjebajeba (hochet fixé à la jambe), amayugo (hochet fixé à la cheville), eijugo (cloche), akajebajebe (hochet)
Veel voorkomende instrumenten: Enyimba (hochet), amakondere (trompe), enzamba (trompe), enyungu (pot de percussion), ensheegu (sifflet), esaasi (hochet)
Minder vaak voorkomende instrumenten: Ekinimba (flûte), ekidongo (arc musical), egobore (arc musical à une seule corde), omujariko (arc-en-terre), entimbo (tuyau), enkyeka (pilon)
pour plus d’information voir également: VAN THIEL, Paul, "Multi-Tribal Music of Ankole. An ethnomusicological study including a glossary of musical terms." Édité par le Musée Royal de l’Afrique Centrale dans la série Annales, Sciences Humaines, no 91, 1977, 234 pp.
© KMMA/Paul VAN THIEL